Ecouter Dieu … c’est bien, mais … ça veut dire quoi? On entend une voix? On sent quelque chose de spécial ? Et surtout, on fait comment?
J’essaye de donner quelques pistes! Apprises dans mes dialogues avec Dieu et dans la pratique d’Evangile-en-chemin, où de plus en plus nous prenons du temps en silence pour laisser toute la place à Dieu. Pour Le laisser être qui Il est, sans plaquer sur Lui nos attentes, nos critères, nos besoins, nos habitudes et nos désirs.
Car, et c’est une première chose à retenir :
Dieu n’est PAS un prolongement de nous, Il n’est PAS notre spiritualité.
Il est … Lui-même. Que ça nous plaise ou pas. Et Ses critères ne sont pas les nôtres. Que ça nous plaise ou pas.
Et c’est génial! Nous parlons à, et écoutons, un réel Face-à-face, une Personnalité réellement AUTRE que nous. Nous ne tournons pas dans un circuit fermé, nous n’écoutons pas juste une partie de nous. Nous ne nous rapprochons pas d’abord de notre coeur, mais du Coeur de Quelqu’un d’Autre.
Alors, il s’agit vraiment d’une relation. Au fond, il s’agit de LA Relation par excellence, celle que Dieu désire : un vrai va-et-vient entre Lui et nous.
Mais comment entrer dans cette relation?
Nous pouvons parler tout simplement à Dieu. Lui dire tout ce qui nous arrive. Le remercier. Lui demander de l’aide.
Et … L’écouter. Car Il parle.
A travers la Bible. A travers les autres. A travers des événements.
Mais aussi pour ainsi dire directement dans notre coeur.
Moi perso, je n’entends pas une voix. Chez moi c’est davantage comme si Dieu pose quelque chose dans mon coeur. Il y imprègne ou grave une parole, je dirais.
Parfois je sais tout de suite que c’est Dieu qui parle. Mais plus souvent, je ne sais pas. Je dois vérifier. Comment?
Je le dis un peu en vrac, d’abord. Sous Ecouter Dieu (2/3) : L’exemple de Matthieu 4 je vais approfondir.
Le plus souvent, quand c’est vraiment Dieu qui parle, c’est… nouveau. Différent de « là où j’étais ». Même si c’est toujours cohérent avec ce que Dieu m’a déjà révélé de Lui, ça va plus loin. C’est toujours un peu surprenant, presque aventureux. Un peu déstabilisant peut-être aussi. Ça me pousse plus loin sur le chemin de « je connaîtrai comme Dieu me connaît ». (1 Corinthiens 13, 12). Ça me sort de mon fauteuil spirituel, ça me met en route. Ça me montre Dieu, ou moi-même, une autre personne ou une circonstance, depuis une nouvelle perspective.
Puis, c’est un peu différent des pensées que je peux avoir moi-même. Difficile à dire, mais … « c’est pas moi ». Il y a Quelqu’un d’Autre qui a pris la parole et souvent, la manière de parler, le style, les mots ne sont pas tout à fait les miens. Ça fait interruption dans ma manière de voir, de penser et d’agir.
Je donnerai trois exemples sous Ecouter Dieu (3/3) : Des exemples concrets.
Ensuite, c’est (ou ça devient) « pressant ». Il y a une intensité qui me rend attentive au fait que ce n’est pas juste une pensée. C’est davantage une invitation. Ou ça le devient, dans le temps. Car … ça ne me laisse pas tranquille! C’est comme si Dieu gratte, et gratte encore, plus profondément dans la terre de mon coeur, et ça laisse une trace qui devient de plus en plus claire. Je ne comprends pas nécessairement mieux! Mais je sais avec toujours plus de certitude que Dieu veut me dire quelque chose.
Puis, peut-être la déception : je peux me tromper!
Sur plusieurs niveaux :
Je peux croire que quelque chose vient de Dieu. Et pour finir comprendre, dans le dialogue constant avec Dieu, que ce n’est pas le cas, que je me suis trompée.
Pas grave, ça rend humble!
Je peux avoir entendu quelque chose de Dieu mais avoir mal compris, ou relaté à la mauvaise personne, ou tiré des conclusions hâtives.
Pas grave non plus, ça affine mon écoute !
Au fond, il y a peut-être juste deux choses graves :
1) L’orgueil de dire à une autre personne :
« Dieu m’a dit pour toi.. ! »
Oui, Dieu peut me dire une parole pour quelqu’un d’autre, mais il faut être très TRÈS prudent avec cela. Demander des confirmations. Se mettre en question : n’est-ce pas plutôt moi qui suis appelé à apprendre quelque chose? Être patient : ce qui est vrai aujourd’hui le sera encore demain. Attends.
2) L’orgueil de dire : « Dieu ne parle pas. Il ne parle plus. » Ce n’est tout simplement pas vrai.
Ou : »Dieu ne meparle pas », comme si on pouvait décider ça pour Dieu d’avance.
Dieu parle, Il veut se faire connaître, se révéler! Par contre, Il est comme Il est et Il parle à Sa façon et à Son moment.
Et parfois … Il ne dit rien! Même si on est prêt à entendre.
C’est pourquoi je suis sceptique quand on se met à l’écoute de Dieu et on croit absolument devoir entendre quelque chose. On se met sous pression, on met Dieu sous pression, Il DOIT parler, puisqu’on écoute !
Non, Dieu ne DOIT rien. Il est libre.
En plus, quand on Lui/se met la pression comme ça, on a tendance à demander à Dieu des CHOSES, plutôt que de Lui demander de venir juste pour Lui-même, simplement, gratuitement.
Oh, on peut demander de belles choses! Une guérison, une aide, un changement de circonstances, un travail …
Et c’est permis! Mais … peut-être pas tout de suite! Comment vous verriez ça, qu’un ami vous invite, vous sonnez à la porte, et on vous accueille avec une avalanche de « il faut »:
« Tu pourrais me prêter du fric? Tu peux me dire ce que tu penses de …? J’ai besoin de ton conseil, dis-moi comment … » Etc.etc.
Ne diriez-vous pas : » Mais écoute, laisse-moi d’abord entrer, m’installer, tout ça on verra après ! »
Je ne veux pas être simpliste, mais je crois que c’est la même chose pour Dieu.
Il doit tout le temps donner quelque chose, faire quelque chose, dire quelque chose, montrer quelque chose, changer quelque chose.
Mais prenons-nous le temps de Le laisser juste ETRE?!
Prenons-nous le temps de Le laisser juste être … LUI-MÊME ?!
C’est TRÈS important, ça. Nous avons tendance à inviter un dieu-fait-à-notre-image, plutôt que de dire à Dieu : » Viens, TOI! Pour qui Tu es. TOUT-TOI, et non pas juste la partie qui nous convient. »
C’est pourquoi, avec Evangile-en-chemin, nous prenons d’abord un temps que nous appelons « gratuit » (la durée est variable : de 5 minutes minimum à une heure) : nous accueillons Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, pour qui Il est. Nous proclamons la Réalité de Sa Personne avec un psaume ou un autre texte biblique. Nous Lui souhaitons la bienvenue et c’est tout.
Et c’est seulement dans un deuxième temps (à durée égale) que nous Lui posons une question précise.
C’est ainsi que nous essayons d’entrer dans l’invitation de Jésus : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu. Le reste vous sera donné en plus. » (Matthieu 6, 33)
Je me répète, parce que c’est essentiel :
Quand nous accueillons Dieu, nous devons L’accueillir tel qu’Il est.
On nous dit de respecter une autre personne, de l’accepter pour qui elle est, ne pas vouloir la coincer dans nos idées reçues. Car ça serait abuser d’elle.
On ne nous dit pas tellement à faire la même chose avec Dieu. Nous avons trop l’habitude de l’adapter à nos idées, notre intelligence, nos émotions, nos blessures, nos besoins. Mais c’est aussi l’abus. De Dieu. Gardons-nous de le faire à notre image. Car à ce moment-là, nous nous adressons à une illusion.